Les
échos du Chanvre été 2000
Asa,
l'art de l'économie Au Japon, les kimonos en chanvre (asa) associent
beauté et fonctionnalité
L' utilisation du chanvre et d'autres fibres naturelles est
une réponse pratique et écologique au vinyl et au polyester,
mais au Japon c'était au début un moyen de survie qui a évolué
en forme d'art. Il y a plus de cent ans, des chiffons de coton
recyclés et du chanvre étaient utilisés pour créer des kimonos.
Aujourd'hui, nous pouvons admirer ces vêtements autant pour
leur économie que pour la beauté des motifs. La période Ero
au Japon (du 16 e au 18 e siècle) fut une période de grand changement
et d'ingéniosité.

Comme
d'autres régions du monde, le Japon a connu un bouleversement
social et une formi-dable croissance de population. Les ressources
qui étaient abondantes sont devenues rares, ce qui était déjà
rare est devenu précieux - ça doit vous rappeler quelque chose...
C'est à cette époque que divers vêtements utilitaires ont évolué
en oeuvres d'art élaborées. Alors que la culture onéreuse du
coton occupait d'importantes par-celles de terre, le chanvre
était cultivé sur des sites plus petits, plus irréguliers et
éloi-gnés. Des fibres alternatives comme le mûrier, la glycine,
l'orme, la ramie et l'ortie étaient aussi utilisées pour tisser
de beaux textiles. Cependant, le chanvre était de loin le plus
populaire ; il était connu pour sa solidité et sa durabilité.
Dans l'histoire du chanvre, on remarque la fusion entre l'art
et l'utilité dans le tissage traditionnel au Japon. Saki-Ori
est le nom donné à ce type de tissage. Saki-Ori vient des deux
verbes saku - déchirer - et oru - tisser. Le Saki-Ori utilisait
des chiffons de coton recyclés et de la fibre de chanvre pour
produire des kimonos d'une beauté saisissante. Une beauté qui
naît de la simplicité du motif et de la frugalité des ressources
n'est pas courante dans notre monde moderne du jetable. C'est
peut-être pour-quoi ces pièces semblent venir d'un âge passé
ou d'une culture "primitive" artistique et très consciente.
C'est ici au royaume de l'esthétique que la ligne entre "moderne"
et "primitif " commence à s'estomper.
A-t-elle
réellement existé ? Durant la période Edo, les classes de l'élite
portaient des kimonos en soie fine et en coton raffiné. Les
classes travailleuses, plus nombreuses, portaient du chanvre
: les pêcheurs, les fermiers, les commerçants, les citoyens
moyens qui aujourd'hui porteraient des blue jeans. Ils por-taient
du chanvre pour sa durabilité et son faible coût. Ils achetaient
des chiffons qui venaient des villes et tissaient leur propre
linge. Dans la plupart des vêtements Saki-Ori, le chanvre était
utilisé pour la piqûre et comme fil de chaîne (les fils verticaux),
alors que le coton recyclé servait pour la trame (les fils horizontaux).
C'était une pratique commune d'utiliser les fibres plus fragiles
et plus fines pour la trame et les fibres plus solides pour
la chaîne. Comme le coton était très cher, le commerce des chiffons
prospérait. Les marchands achetaient de la literie usagée, des
vêtements et d'autres tissus qu'ils déchiraient en bandes et
vendaient au poids. La plupart des chiffons étaient bleu indigo,
teints avec l'indigo local, d'où la couleur généralement bleue
du Saki-Ori. Une opinion populaire répandue chez les Japonais
anciens et modernes est le concept motai-nai (pas de gaspillage).
Gaspiller des ressources précieuses serait renier la possibilité
de créer quelque chose de beau et de fonctionnel. La plupart
des entrepre-neurs dans le commerce du chanvre croient que la
viabilité du chanvre textile réside dans sa beauté et son économie
inhérentes. Le monde moderne a besoin du chanvre, comme le monde
ancien en avait besoin. Ce qui était autrefois un produit de
première nécessité est maintenant devenu une solution. Les quanti-tés
d'eau importantes et les combustibles fossiles gaspillés aujourd'hui
dans la surproduction du coton commercial -sans mentionner l'usage
abondant de pesticides polluants - font de cette belle fibre
un désastre moderne comparé au coton cultivé consciemment ou
"biologiquement". Le coton "biologique" fait référence aux cultures
strictement contrôlées, où les produits chimiques polluants
utilisés pendant la culture, la récolte et la transformation
du coton sont éliminés.
Puis
il y a le chanvre. Le chanvre est une plante robuste dont la
culture ne nécessite pas de grandes quantités de produits chimiques,
ni de grandes quantités d'eau d'ir-rigation. Par conséquent,
c'est naturellement une fibre plus éco-logique. Le chanvre incarne
l'art de l'économie. Source : S. David Stunda -Hemptimes - Printemps
97
Traduction
et Information @: Les
Echos du Chanvre

Les
Echos du chanvre est le journal d'information papier du monde
chanvrier. Abonnement 100 F par an pour 4 numéros
|